LA CHAIR EST FAIBLE
Sketch comique d' Henri Poupon
enregistré par Raimu et Poupon sur disque
Columbia
********
Raimu
Poupon
On entend des applaudissements, des bravos, brouhaha de la foule: bravo!
bis ! une
autre ....
Une voix
:
Mesdames,
messieurs, ici chacun son tour.La parole passe maintenant à notre ami
Jules qui va nous
dire
un morceau de son
répertoire.
L'artiste
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise moi ? Je n'en sais rien
Le Souffleur Dis nous un monologue
A
J'en ai appris qu'un et encore je le sais pas
S
Et
bien je te soufflerai, comment ça s'appelle ?
A
La
viande est tendre
S
La
viande est tendre ?...Tu veux dire " la chair est faible " ?
A
Ah
oui tu as peut-être raison, tu le connais ?
S
Diable
! de francisque Sarcey
A
C'est
ça oui de Sarcisque francey , créé par monsieur Coquadin colet
S
Non...Coquelin
Cadet ! ...
A
Créé par Monsieur Colaquin Codet dans l' Truc à Douro
S
Au
Tro-ca-dé-ro !
A
Ah!
mais tu vas pas me contrarier longtemps, toi ?
S
Je te contrarie pas...je te souffle
A
Ah
! bon parce qu'autrement je dis rien moi tu sais, je m'en fous. Je veux
bien vous faire
plaisir, mais il ne faut
pas exagerer. Parce que
j'ai dit des monologues dans une autre société que la vôtre.
S
Te
fâche pas quoi... vas-y.
A
Comment
ça commence ?
S
Par
la faim...
A
Ca
commence par la fin ?
S
Mais
non : par la faim...(épelant ) f-a-i-m...par la faim tenaillé
jusqu'au fond
des entrailles...
A
Ah
! oui, j'y suis : Par la faim tenaillé jusqu'au fond des entrailles...
S
Un vagabond passait le long d'une muraille..
A
Par
la faim tenaillé jusqu'au fond des entrailles...un vagabond p...(au
souffleur )
qu'est-ce qu'il faisait le long de la muraille ?
S
Il passait
A
Ah!
bon ! tu es sûr ? Oui ! ( continuant ) Un vagabond passait le
long d'une
muraille..
Sous un ciel tel qu'il est quand la foudre s'y cache
les cochers étaient noirs et soûls comme des vaches.
S
Le
clocher était noir comme sous une bâche.
A
Oui,
ça va : On entendait les cris de la biche aux abois
Et Frédéric Mistral soufflait dans un hautbois...
S
Tandis que le mistral soufflait dans les hauts bois...
A
( véxé ) Et il devait souffler sûrement mieux que toi.
S
T'énerves pas quoi... enchaîne
A
Mais
je fais que ça, c'est vous qui êtes déchaînés ....( un temps )...Alors tu
souffles ou tu souffles pas ?
S
Attends
une seconde , j'sais plus où j'en suis
A
Tu vois pas que la page est finie
S
J'ai
complétement perdu le fil.
A
Eh
! bien change l'aiguille et puis tourne la page, imbécile
POUR LE PHONO : 2° FACE 
A
Alors
ça y est oui ? Où en étions nous ?
S
Soudain
un vieux marin...
A
Ah!
oui ! ça c'est le passage que je sais le mieux:
soudain un veau marin...
S
Non...Un
vieux marin...
A
Soudain
un vieux veau marin quittant ses espadrilles...
S
Quittant
son escadrille...
A
Soudain un vieux marin qui danse le quadrille
Voyant qu'il n'avait plus ni foyer, ni famille
Lui dit : viens donc chez moi tu trouveras le joint
Je suis le fils du maire et du premier adjoint
S
Je
suis le fils de la mer, je pars le premier Juin
Tu n'en sais pas un mot mon vieux.
A
Et
toi tu souffles comme un pied. Qu' est-ce qu il y a après eh ! saucisse
...
S
Alors
le
vagabond...
A
Alors
le vagabond qui était saucisson...qui était sans souci
Entra
dans la maison en lui disant : Merci!
Et
il vit du marin agréable surprise
La
femme
toute nue et la bonne en chemise.
S
La
femme
toute émue et la table encore mise..
A
Je le
sais ( enchaînant ) Voilà dit le marin, je vous présente un frère
C'est un gaillant verrier, un héros de naguère...
S
C'est
un vaillant guerrier, un héros de la guerre
A
C'est
Vaillant-Couturier,
un héros de la guerre
Il
n'en
a certes pas rapporté de butin
Méfiez-vous
qu'
il fauche, c'est un fils de ...( au souffleur ) un fils de qui déjà ?
S
C'est
un
enfant de Foch, un vrai fils de Pétain
A
Eh!
ben!
mon vieux !
S
Allez
va
c'est presque fini...( soufflant ) ...mange à ta faim lui dit...
A
Mange
à
ta faim lui dit le marin sans effroi...
Et
il
laissa tomber son nez dans le boeuf froid.
S
A
ce
moment minuit sonnait dans le beffroi...
A
(
au souffleur ) C'est la même chose ( récitant ) Tout à coup...
Un
grand
bruit...un grand bruit...puis plus rien
"
Ne vous en faites pas ! s'écria la patronne
C'étaient
un
Espagnol avec un Autrichien...
Qui
jouaient
au foot-ball sur le lit de la bonne...
S
C'était
un
épagneul avec un autre chien...
Qui
buvaient
dans un bol sous le lit de la bonne.
(à
l'artiste)
Tu pourras jamais t'en sortir mon vieux!
A
Toi,
tu
t'en sortiras toujours, tu n'as qu'à lire ...Et encore tu lis mal...
S
(
à
l'artiste ) Allez va ! ..: Tu vois dit le marin...
A
Tu
vois dit le marin, ma mère est à côté
S
La mer est à côté..
A
Ma bonne n'est pas mal et tu pourras goûter
Tous
les plaisirs divers en touchant ses tétés.
S
En
pêchant cet été...
A
En
pêchant cet été.
En un mot sois heureux, tu vas vivre un roman....( au souffleur ) ...et
après ?
S
En
un mot sois heureux, tu vas vivre un roman
Dont
tu ne sais encor que le commencement. Et c'est fini !
A
C'est
fini ? ...Eh! ben, il est idiot ton monologue.
S
Ah
! Pourquoi est-il idiot ?
A
Pourquoi ? Il commence : .... par la fin , il finit par : le commencement,
et tu
trouves ça intelligent ?
Comment veux-tu qu'on ne le dise pas à rebours.
La prochaine fois, tu le diras
toi-même, moi je te soufflerai, tu verras comme c'est rigolo.
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