Le thon de tonton

                 s4.gif (31210 octets) Le Thon de Tonton

fond sonore

 

                                    Titin et Escartefigue se promènent sur le port vers les étalages des pêcheurs, ils passent devant " chez Tonton " et  s'adonnent à leur jeu favori : la galéjade                                                                         

 

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Titin              -Tiens ! Ce matin, le thon de Tonton n'a pas le beau teint

 

Escartefigue  - S'il n'a pas le bottin, demande lui l'annuaire !

 

T                  - "Annuaire "..tu me fais travailler le ciboulot de bon matin,  mais…ça y est ! j'ai trouvé ! Après l'embouligue à découvert, transpercé  d'anneaux , ils vont mettre l'anus à l'air

 

E                   -Attention ... tu dérapes dans le grivois….

 

T                  -Enfin ! Et tout ça pour quoi ? Pour séduire, pardi  ! Ouais  !   c'est la mode. Ah! la mode ...grâce à elle,  il y en a qui se frottent les mains et planquent les jaunets…Tu connais les jaunets , Tu n'es pas né d'hier !

 

E                   -Moi, Mossieu, je ne connais que les louis d'or, mais je ne les vois qu'en contre-façon, en chocolat, dans du papier doré ! Et même le chocolat est devenu une contre-façon…Les louis d'or en chocolat ne sont plus ce qu'ils étaient …

 

T                  - Dis, Escartefigue, tu ne vas pas tomber dans la morosité pour du chocolat !

 

E                   -Louis d'or… louis dort…., l'ouïe d'or…l'ouïe dort...

 

T                  -Oh ! toi tu vas me faire le coup de la sourde oreille, ( à part : celui-là, quand il est froissé, il ferme sa coquille )

 

E                   - Je ne vais pas faire la sourde oreille et même, je vais ouvrir l'œil 

 

T                  - Pas  comme ce "coche " du   " foutebolle " comme ils disent, celui qui nous a obsédés, tu te souviens?  Il était là à nous épier dans le moindre recoin de la ville, sur ces affiches é-nor-mes, avec ses yeux  à  la picsou , sauf qu'il avait des  z'euros à la place des dollars...

 

E                   - Tu sais à quoi je pense ? Et bien ! Je vais te le dire …Avec ces  caches en forme d' e  sur les pupilles, quand il cligne des yeux, le gars…il voit des z'euros partout et ça le rend fou…il croit voir tomber le pot de Jacques ou l'avalanche des pièces d'un bandit manchot !

 

T                  - Le pot de Jacques ? Tu peux pas parler comme tout le monde ? Tu veux dire le Jackpot ?

 

E                   -Ecoute Titin, je reste de Marseille et je dis "le pot de Jacques " si ça me plaît ! D' ailleurs, Jacquot des Accoules, il planque ses jaunets dans un pot ! D ' où l'expression " le pot de Jacques "

 

Titin à part " je ne dis rien car il est susceptible…  lui c'est la coquille St Jacques

 

T                          - Parlons-en des jaunets du Jacquot ! Comment ils les a eus d'après toi ?

 

E                   - Il rend quelques visites spé-ci-a-les à droite , à gauche..

 

T                  - Voueï ! J'ai compris : les visiteurs du soir …

 

E                   - Visiteurs du soir, du matin ou même du midi quand tu es à table et que tu sirotes tranquillement ton pastis après la pétanque ces "indélicats " te piquent tout ! Chez eux, pas de pause syndicale…

 

T                          - Et puis pas si manchots que ça ! ils seraient plutôt du genre "la déesse à six bras " à la vitesse où ils déménagent !

 Encore,  la visite de la déesse à six bras, la vraie, en chair et en os … ne serait pas pour me déplaire…

E                   - Ces " indélicats "  se multiplient comme les limaçons sur le fenouil ! Ils te chavirent le moral sans aucun scrupule, ils violent ton intimité et chamboulent tes souvenirs …Indélicats ? Des malfaiteurs oui ! n'ayons pas peur de le dire …

 

T                  - je dois un grand  merci à Tante Augustine !

 

E                   - Et pourquoi ?

 

T                  - Son portrait dans l'entrée avec  son reproche dans l'œil les a mis en fuite…

E                   - Ils ont eu peur des cauchemars ! Tant mieux pour toi….A propos d'œil, je re…pense aux  z' esses et aux z ' euros , tu sais ces yeux qui nous regardaient toute la journée …Eh ! ben ! ceux qui idolâtrent ces signes barbares, ils n'ont pas bonne con-sci-en-ce, car à peine tracés, ils les barrent…Oh ! Titin, tu ne réagis pas ? signes barbares, " barre barre "! Ils les barrent deux fois  !

 

T                  - Ils feraient mieux de se barrer, les ceusses qui ont des œufs dans les yeux ! Tu crois qu'ils ont mauvaise con-sci-en-ce  ? Mais pour l'avoir mauvaise, il faudrait déjà en avoir une ! de con-sci-en-ce… Escartefigue, tu crois qu'avec les  "e "barrés dans le fond du regard, à la place du bleu de la mer profonde, on peut avoir une con-sci-en-ce ?

 

E                   - Tu as raison, ils n'en ont pas et c'est contagieux ! Aujourd'hui, au lieu d'être guidé par sa con-sci-en-ce on est téléguidé par la sci –en-ce des cons !

T                  - Que veux-tu dire par la sci-en-ce des cons ?

 

E                   - En parlé " tronqué" je veux dire la sci-en-ce des con-sci-en-ces, tu sais celle qui cherche à savoir comment on peut influencer les circuits cérébraux  par une ré-pé-ti-ti-on permanente des mêmes informations …

 

T                - Oh ! là! Là! Tu parles savant ! Dis! Tu peux rester simple ?

 

E                          - Bon, je reprends l'explication : si je te répète, toute la sainte journée " " les tétons d' Honorine sont les plus beaux du monde " tu vas finir par être persuadé  que ses deux figues ratatinées sont de purs joyaux !  C'est ça la pub !

 

T                          - Là, j'ai compris ! Mais comment tu parles ? Tout à l'heure tu t'enflammes pour le  Jackpot et maintenant tu dis pub ?

 

E                 - C'est pas la même chose, Pub pour publicité c'est du parlé-tronqué  je parle Marseillais –tronqué !, je suis contaminé malgré moi ! Ca aussi c'est contagieux et tu n'y échappes pas  ! Tout à l'heure tu m'as dit que je parlais" savant" tu aurais dû me dire que je parlais "savamment" Alors toi aussi tu parles " tronqué ". Peuchère! Ils ont foutu les adverbes au panier depuis un moment…et tu n'as rien vu venir !

 

T                          - Ecoute Escartefigue, entre nous, je préfère te parler "troquet", alors si tu veux bien , on prend le " ferry – boite" et comme on parle depuis un moment et que j'ai le gosier sec, on va au bar de la Marine, s'en jeter un derrière la cravate !

 

E                 - Té ! derrière nous, la montée des Accoules m'inspire !

 

T                - Qu'est-ce qu'elle t'inspire ?

 

E                          - Elle m'inspire que …Jacquot qui récupère tout, il va récupérer les adverbes qu'on a jetés au " Panier" et avec la Culture qui s'est installée là-haut, quand il se sera refait une dignité…. avec ses jaunets…il sera sur le haut du panier et il nous en remontrera avec ses adverbes …

T                          - C'est toujours la même musique !

 

E                 - Té, trêve d'adverbes, le temps d'arriver de l'autre côté du port, je te propose des joutes de " parlé –tronqué " histoire de passer le temps Je commence  " Mon bof revient de panam, il fait le cacou  sur la caneb"

 

T                          -Moi je te réponds en parlé –tronqué-rallongé   : " ton bof … e

                   revient… e de paname , il fait le cacou...e  sur la canèbe ...

 

E                          - Somme toute c'est le règne des " e", dans les yeux, sur la langue…et dans le cœur !

 

T                - Arrête ! avec tes oeufs et tout qui bouge, je crois que je vais avoir une crise de foie…

 

E                 - Elle est agitée la grande bleue  !

T                -  Ouf ! on arrive! Escartefigue !  tu veux que je te dise ? Quand tu parles " tronqué" tu me troubles, tu me tracasses, tu m'escagasses…Et tu me donnes mauvaise con-sci-en-ce  , car tu me fais penser à cette  fameuse branche...   depuis le temps, je l'ai toujours pas coupée …aujourd'hui peut-être …

 

                            copyright ©2003 / 2004 Marguerite Benedetti 

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                 daisy.gif (12708 octets) Galéjades