Sketche avec des expressions marseillaises (
Maguy BENEDETTI-ALLARD )
" Concert côté choristes"
Ceci peut être joué sur scène, avec en fond musical des extraits
de la messe , en accord avec le texte
( ici le fond sonore est de Mozart, ce n'est pas la messe en Ut KV
220 , mais KV 456.
On peut choisir aussi un fond musical plus léger et plus
divertissant)
L'entrée en scènese faittoute
barque à travers. Serrés comme des sardines ou esquichés comme des anchois, les choristes, sur leur
trente et un , occupent le choeur de la petite église.Face au chef, certains ont le gabian
coincé, d'autres font le gobi, au pire quelques unsfont
ginginde trouille, à demi-paralysés : on dirait dessanti-belli...
Le concert a commencé.Les douze premières mesures du Kyrie ne
réservent pas trop de surprise, mais à la treizième, à l'attaque du Christe, il prend
au chef les trois sueurs ( n'allez pas penser qu'il a mouillé d'un seul
coup son tricot de corps, sa chemise et sa veste ), il est vrai que pour certains
démarrages on a le temps detuer un âne à coup de figues .Soudain dans
le Gloria sur le " ad dexteram", il était pourtant bien placé, à la droite du
Père ! un glissando de quelque Soprano éprise de ce sport favori , lui fait monter la
transpiration : il attrape une estomagade.Alors un miaulement ascendant si
souvent entendu lors des répétitions, envahit notre espace intérieur et nous ferait
rire à nous faire péter l'embouligue, si le sérieux n'était de
mise.Pour " Vivos" dans le Credo, l'entente y est, mais à "mortuos"
on sent des réticences, ils ne veulent pas tous y aller.Soudain, notre chef fait
un brave train, l'autorité est passée de sa baguette aux boutons de sa veste
qui heurtent bruyamment son pupitre : Amen, Amen, Amen , Amen ! Le calme
revient dans le Sanctus.La gentillesse des " hosanna", " sauve-nous je t'en
prie" nous fait le don de ses gracieuses et douces mimiques.Puis les moineaux se
reposent : c'est le Benedictus, les solistes s'envolent.D'un geste large et impétueux il
encourage la plus jeune :" allez ! petite, viens , confiance" : la voix emplie
la nef, nous calme, nous embellit.Goûtons à un peu de liberté...
Oh! Bonne mère ,ne nous quitte pas des yeux et
ramène les nôtres au bon endroit de la partition , au bon moment, tu sais celui où le
chef est tout miel, tout sucre:" Hosanna in excelcis..."
Dehors le ciel est
couleur d'encre, à tout moment il peut tomber des capélans et des belles-mères.
Cocagne! ici on est à l'abri. Surtout ne pas rater le départ de l'Agnus
Dei. L'entrée et le final, ça se soigne, comme pour un repas, et une Messe, c'est
quelque part un repas pris ensemble... A travers les "
miserere et peccata mundi " la confiance du chef et des moineaux s'affirme. On n' a
pas trop fauté .Pacem !
Un kleenex blanc absorbe rapidement la sueur frontale
du chef avant le salut à la foule. Les rythmes cardiaques ont retrouvé leur plan-plan
dans l'affolement des applaudissements.Le chef et le premier violon se serrent
les cinq sardines, bise humide aux solistes. Les musiciens se lèvent.Fan
de chichourle, on s'est comporté en brave ! Pourvu que les spectateurs aient
le coeur sur la main ! c'est qu'il faut les payer nos jeunes, peuchère
! ils ne vivent pas que d'amour et d'eau fraîche, et puis il y a des pitchouns
en route, on a deux couveuses à l'orchestre ! Allez, François, ne
t'é..ter..ni....se...pas dans les discours de bienséance... Et toi, Ernestine , file
vers l'entrée avec les corbeilles, avant que ceux qui ont des oursins dans la
poche prennent la poudre d'escampette !