<Extraits avec l'accent

SOUVENIR DU MARCHE  RUE LONGUE DES CAPUCINS sole009.gif (5039 octets)

 

 

    La foule bigarrée s'engouffre dans la rue longue des Capucins, marché vivant du centre ville. Philomène et Honorine se faufilent pour aller acheter de quoi préparer quelque bonne recette provençale pour satisfaire les appétits de leur mari. Dans le soleil matinal, odeurs, couleurs et interpellations s'entremêlent ...

 

Philomène          - Boudiou, il va falloir encore jouer des coudes …

Honorine            - Zou ! Vas-y avec tes pare-chocs avant….

P                       -Tu es de bon conseil, et toi  comment tu y vas ? tu es plate comme une morue !

H                      - Je me planque derrière toi , fais-nous le passage !

P                       - Bonne plaisanterie…

H                      -Oui !  Vive la bonne humeur et la rigolade  !

P                       - Sans compter que pour midi, une bonne morue et l'aïoli …

H                      - Un peu juste pour midi ! les " baccala " il faut les dessaler toute la nuit

P                       - Honorine je manque d'inspiration..

H                      -Té, la crieuse passe ! Voilà une idée

                                                            " à l'aïgo-sau les limaçouns

                                                            y'en a des gros et des pitchouns …"

P                      -Justement ! trop pitchouns !  Ca nourrit pas son homme ces bestioles !

H                      - C'est vrai que le tien , il engloutit comme l'épave du château d' If !

P                       - Dis, il est bien conservé Fonfon, il n'a rien d'une épave !

H                          à part " épave de fond !"

P                       Si on commençait par les B.O.F  ( beurre, œufs, fromage )

H                      Avec ça, tu t'en tires juste avec une omelette au fromage et on en a mangé hier !

 

A ce moment , une vendeuse à la sauvette allonge ses élastiques sur son bras et crie à la volée " ne la perdez- pas Madame, la culotte ! "

 P                       - Il m'en faut , j'en ai plusieurs à réparer

H                      - T'en a encore fait craquer plusieurs avec tes pare-chocs arrière ?

P                       - Eh ! non ! C'est Fonfon,  il est toujours impatient …

H                      - Eh ! beh !   et tout ça pour " Ainsi font font font ....trois p'tits tours et puis s'en      vont …

P                      -C'est vrai que le tien , il a plus vite fait un tour que deux…alors trois !  Il doit prendre son temps …

 

                                        On entend crier " Par ici la bonne moule " !

 H             -Je sens que je vais me rabattre sur le poisson , avec du fenouil et un jus de citron, quelques coquillages en entrée , fromage et figues , j'ai mon menu ….   

La marchande de coquillages est en prise de bec avec un acheteur tâtillon :

            " Quoi ! Tu trouves qu'elle est pas fraîche ma moule ? En plus il s'imagine que je passe mon temps à peindre les ouies de mes poissons...Mon poisson ,  il n'a pas besoin d'artifice ! Il a l'oeil plus vif que le tien ! Va ! file chez la Martegalle, elle va t'arranger le cocotier , elle ! avec sa moule pas fraîche et ses lèvres peinturlurées jusqu'aux oreilles  "

 P             - Elle exagère Félicie , avec son franc parler !

H             - Les clients sont parfois difficiles …

                   Des cris remontent de la rue " Brousses du Rove ! brousses du Rove ! "

P             -Quelle chance ! tu as ton menu et  moi,  je cherche encore , c'est que Fonfon il ne faut pas lui en promettre

H           - Ecoute ! C'est vrai que Fonfon il a bon appétit ! Alors tu n'as qu'à faire des côtes de céleri à l'anchoïade, quelques tomates confites sorties du pot, un  tian de patates au mouton , des brousses du Rove... tè,   justement , la voilà qui nous accoste, la Jeannette, avec son tablier blanc et ses petits cônes bien frais, merveilles des petites chèvres qui broutent dans nos collines... et pour finir , quelques navettes trempées dans du vin cuit et tu le régales ton homme ! Le voilà  ton menu ! Et puisqu'on a gagné du temps, au diable les régimes ! on va s'offrir un de ces  chichi-frégi ! Tu m'en diras des nouvelles ... Allez Philomène ! Tu ne seras pas plus ronde et moi je resterai  aussi plate qu' une limande !    

                                                                                              copyright ©2003 / 2004  Marguerite Benedetti 

 

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